Comme sorti des eaux, un bénitier poisseux fume. Sa surface bordée de perles suinte sous les reflets d’une lueur violacée qui rappelle la lumière UV, utilisée pour stériliser les eaux. Le long de son tronc, un fil de cuivre – conducteur d’énergie – s’enroule et perce des gélules d’huile de foie de morue. Riches en vitamine D, elles emmagasinent les rayons lumineux et perlent le long de la sculpture comme des larmes de soleil.

Destiné à contenir l’eau bénite à l’entrée des églises catholiques romaines, le bénitier trouve ses origines dans les ablutions et les purifications pratiquées dès l’Antiquité dans plusieurs cultures. Objet cérémoniel chargé d’un pouvoir purificateur, il assainit les mains qui y plongent, bénissant les fidèles de ses eaux. Dans Coral Cure (Purifying Stoup), l’image du bénitier dérive vers un imaginaire fabulé ambivalent.

Ses formes et textures jouent avec le motif délicat du coquillage, rappelant le nom usuel du tridacne, un très grand mollusque bivalve des mers chaudes ayant souvent servi de cuve pour les bénitiers de l’époque Baroque occidentale. Il s’en échappe des vapeurs d’un rose souillé, comme si les larmes des nappes phréatiques avaient déteint. La sculpture s’active grâce à un interrupteur camouflé en coquillage qui déclenche un brumisateur à ultrasons. Habituellement utilisé comme agent de bien-être dans les centres de spa, il diffuse ici une brume rose épaisse, à la fois poudrée et poisseuse. Cette couleur rappelle celle du Phos-Check, un retardateur de flamme d’un rose toxique qui met en danger les eaux souterraines et que l’on pulvérise inlassablement depuis les airs pour contenir les incendies incessants de la surface.

L’une des Coral Blades, fraîchement purifiées par Medusa, trône sur le blade holder spongieux. Dans le film, cette sculpture est l’un des éléments essentiels du rituel de fabrication des Coral Blades. En trempant les lames dans les eaux rosâtres du bénitier, Medusa les charge de facultés protectrices et active leurs pouvoirs comme des talismans.