VESTIGE
«Les objets sont des enregistreurs»1, ce titre de l’interview de Tatiana Trouvé sur France Culture pourrait illustrer les intentions de mes sculptures et de mes moulages. En effet, comme Tatiana Trouvé, je pense que les objets sont des choses dont nous avons besoin pour nous identifier, pour ancrer notre vie dans le réel.
L’idée d’une « quiet life », d’une vie silencieuse (titre de l’exposition de l’artiste à la galerie Kamel Mennour à Paris durant l’automne 2018) est une image poétique au coeur de mes préoccupations vis-à-vis des objets.
Exposée comme telle, cette forme creuse et moulée de l’intérieur renvoie à sa fonction : contenir un liquide qui se déverse. La porosité du matériau utilisé rend son utilisation impossible, mais sa fonction et le récit qu’elle contient restent des données lisibles.
Comme pour chacun de mes volumes, la potentialité d’un récit ayant pour sujet le quotidien et ses mémoires fragmentaires tient une place importante. Je cherche toujours à penser la forme des objets de l’intime qui s’usent en silence.
Reliée au plafond par un tuyau en latex qui s’élève comme une excroissance, la forme au sol s’anime. Muette, elle trace dans l’espace une ligne molle qui structure le regard.
1.France Culture. Tatiana Trouvé : « Les objets sont des enregistreurs ». Richeux, Marie. Par les temps qui courent. Paris, 13 novembre 2018
Sculpture – 2019
Bac de douche en plâtre et tuyaux en latex
350 x 160 x 155 cm