RESET

Faites des drifts sur le parvis

Parlez de fumigènes, de fanfares et de feux d’artifices

vroom vroom la tête dans le mur

Faites en une recette de cuisine

Faites silence par l’accumulation, comme une goutte d’eau qui déborde du vase.

And press reset to restart the game.

    « Le travail de Lina Goudjil se dessine dans l’accumulation. Une effervescence festive se dégage continuellement de ses oeuvres et diffuse une joie de vivre communicative. Cependant, sous couvert de tracés ingénus, presque enfantins, certaines figurent plus complexent se dressent dans la pénombre. Ses productions oscillent entre un récit d’opulence et un récit du focus. D’un côté, il y a la candeur d’une humanité festive et débordante ; de l’autre, il y a la rage et la colère d’un militantisme sourd et triomphant. Souvent dans son travail, on peine à distinguer une intention précise au premier coup d’oeil, c’est qu’il faut regarder la pièce dans son ensemble, se pencher sur chaque détail, et s’y vautrer comme on se vautre dans la fête.

    Les images sont toujours les doyennes de l’espace. À la manière d’une grand-mère qui vous raconte ses aventures de jeunesse tout en remuant un plat en sauce qui mijote dans la cuisine, les images vous racontent les mille et une histoires qui défilent sur des placoplâtres agrippés au mur. Elles semblent venir de partout et nul part à la fois. De la rue, de la maison, du jour, de la nuit, de Google et YouTube, des tréfonds d’Internet, des feeds Instagram d’inconnu.e.s, de ceux de Lina et de ceux de ces ami•e•s, des manifs et des cortèges… Le tout tient en vrac et sans hiérarchie aussi bien dans son téléphone que sur la face grise des plaques de placo. C’est un véritable défilé. Les images affluent et rejouent le mouvement chronophage d’un scroll incessant. Dans les notes de son téléphone, elle a gardé des morceaux d’aventures à la fois intimes et collectives. Dans sa pellicule photo, il y a plusieurs kilo-octets de vidéos à moitié floues et de photos prises de travers. Extraits de leur contexte, ils en conservent pourtant l’effervescence. Ils racontent tout ce qu’il reste de la candeur de ces moments indicibles. […]

   Les sculptures de Lina côtoient cette énergie écrasante. Les formes se tordent elles aussi en nourrissant leurs excroissances de plâtre. Elles se colorent d’un ensemble de grigris, de tube de chichas, de jeux Cash à gratter, de ceintures de danse orientale, de morceaux de collerettes, de colliers de perles, de smileys sous acide et d’ailes de fée portées en free party dans le ventre d’un pont louche qui a tremblé sous les basses toute la nuit. Elles se parent de leur outfits les plus criards, ceux que l’on ne met que pour dire qu’on n’est pas prêt•e•s d’aller se coucher. Sortez vos guêtres fluorescentes, vos fumigènes et vos feux d’artifices et venez cracher des confettis jusqu’à ce que le sol disparaisse dans le zbeul général… »